Mise en place gastrostomie et nissen
Announcement Date: 15 avril 2014
Lorsque nous avons commencé notre parcours dans le monde de VACTERL, nous n’aurions jamais imaginé que l’alimentation puisse prendre une telle importance dans nos soucis. Depuis la première semaine jusqu’à aujourd’hui, tous les jours, nous essayons de faire en sorte que Baptiste mange mieux. Je vais résumer ici tous les stades par lesquels nous sommes passés : les coups durs, les améliorations et nos perspectives.
Entre la naissance et la trachéotomie
Jusqu’à l’opération de la gastrostomie et du nissen
Une fois l’alimentation terminée, il faut encore attendre une demi-heure avant de bouger Baptiste… La nuit notre petit dort sur un proclive qui le maintient incliné pendant qu’il a une alimentation en continu (8h d’alimentation à très faible débit).
Finalement nous en étions très loin, et je pense qu’il est très important ici de comprendre la difficulté de gérer ces hauts et bas sur le long terme. Un jour nous avons la certitude que Baptiste sera capable de manger sans assistance, le lendemain nous sommes déprimés et nous nous renseignons sur les adultes mangeant avec assistance médicale…
Parfois lorsque l’on donne des nouvelles à quelqu’un et qu’on lui dit qu’en ce moment c’est très dur parce que Baptiste mange mal, mon interlocuteur doit se demander pourquoi ça nous chamboule tant, alors qu’il n’a jamais vraiment mangé… Et bien c’est à cause de ça, vous pouvez très bien ne pas gagner au loto tous les jours sans que ça ne soit un problème, mais le jour où vous pensez avoir le ticket c’est vraiment très difficile de perdre. Et si vous voyez un proche et que vous lui expliquez que votre malheur c’est d’avoir perdu au loto, il ne comprendra pas la véritable tristesse de la situation.
Entre l’opération du nissen et de la gastrostomie (septembre 2014) et l’été 2015
Lorsque Baptiste arrive à sa première année, nous décidons d’arrêter d’essayer de lui faire prendre des biberons. A ce niveau-là de toute façon, ça ne sert plus à rien, nous nous consacrons donc à la diversification.
Puis encore quelques mois plus tard (en avril 2015), nous décidons de tenter de ne pas le brancher la nuit. L’arrêt total de l’utilisation de la gastrostomie nous faisait peur car Baptiste ne buvait jamais d’eau et nous craignions qu’il ne se déshydrate. Au final, l’eau n’a jamais été un soucis car Baptiste a toujours bu à sa soif.
Nous nous voyions déjà retirer la gastrostomie et poursuivre l’évolution de Baptiste avec un poids de moins ! Seulement, il faut que l’enfant s’alimente de lui même pendant 6 mois pour que les médecins envisagent de lui retirer sa gastrostomie… Baptiste mange très bien durant 2,5 mois, il demande même de lui même à manger, et s’impatiente lorsque nous ne sommes pas assez rapides à satisfaire son appétit… Il s’essaye même à manger tout seul avec sa cuillère.
La crise de l’été 2015
Nous voyons une diététicienne qui nous conseille d’utiliser de l’infatrini (lait médical disponible sur ordonnance) avec des céréales infantiles afin d’avoir une bouillie hypercalorique. Elle permet d’optimiser les apports caloriques en diminuant les quantités.
Malgré tout cela, la situation reste tendue et Baptiste ne mange pas correctement, un peu mieux avec ma femme. Je prends donc la décision de lâcher du lest et de lui repasser de la nourriture via la gastrostomie la nuit. Ainsi je ne le force plus à manger et nous passons moins de temps à ça dans la journée… Au bout de seulement deux jours comme ça, Baptiste s’est remis à manger correctement… On remet donc le compteur à zéro pour se débarrasser de la gastrostomie… mais en même temps vues les difficultés que nous rencontrons, nous ne voulons même plus nous en débarrasser… Sa présence est rassurante quelque part.
Rebrancher Baptiste a été vraiment une épreuve extrêmement triste, un échec encore très lourd sur nos épaules… Il faut garder à l’esprit que si nous lui donnions tous les apports dont il a besoin par la gastrostomie, la nuit ne suffirait pas à tout faire passer, Baptiste devrait être immobilisé sur son proclive (qui devient trop petit) la journée aussi, au risque qu’il s’arrache son bouton mic-key et qu’il ne puisse plus jouer ou se développer comme il le fait actuellement. Le lait comme seul aliment lui provoquerait des érythèmes fessiers chroniques et très douloureux. C’est pour toutes ces raisons que réutiliser la gastrostomie a été terrible.
La situation actuelle
Baptiste doit être distrait pour manger (dessins animés surtout), sinon il ne daigne pas ouvrir la bouche et tourne la tête pour éviter l cuillère.
Baptiste ne supporte rien qui ne soit « lisse » ou presque, dès qu’il a un morceau dans la bouche, il vomit. Nous essayons au quotidien de lui donner des quignons de pain, des gateaux apéros, des morceaux de fruits (banane,…). C’est d’ailleurs lui qui en demande, il les léchouille tout au plus mais ne croque jamais dedans par peur de décrocher des petits morceaux.
Nous avons peut-être trop forcé sur son estomac lorsqu’il mangeait correctement. Cela a dû lui causer une hernie hyatale. Il a dû avoir des douleurs en mangeant et donc ne plus vouloir manger. Cela expliquerait également les vomissements. Après avoir réduit les quantités qu’il devait absorber, les choses sont revenues petit à petit à la « normale », ce qui explique qu’il vomisse moins à présent et qu’il mange un peu mieux.
Nous avons donc encore beaucoup d’interrogations sur l’avenir : son estomac va-t-il se développer correctement, lui permettant de mieux manger ? Est-ce qu’on pourra lui enlever la gastrostomie un jour ? Est-ce que Baptiste mangera réellement comme tout le monde un jour ou l’autre, même avec un fractionnement de ses repas ?
Et dans l’immédiat, est-ce qu’on ne devrait pas brancher Baptiste toutes les nuits, et lui donner à manger de bonnes choses la journée qu’on lui cuisinerait… Il aurait moins de calories, mais peut-être plus de joie à manger qu’avec nos quelques arômes dans la bouillie médicale…
Est-ce qu’un jour il pourra macher et avoir un vrai morceau dans la bouche ?
Peut-être que sans la trachéo il mangera mieux ? Quelle est la part de douleurs physique, de traumatisme mental, de traumatisme de la sphère orale, de dégoût… qui fait que Baptiste ne mange pas correctement ? Est-ce qu’en le faisant manger, nous allons le dégoûter à vie ? Ou-est ce que tout ça va se débloquer grâce à nos efforts ? Nous ne savons même pas si nous avons raison de nous battre sur ce chantier…. mais faute de mieux… nous continuons !
Tout au long du processus que j’ai décrit auparavant, nous avons été suivis par des psychomotriciens, des orthophonistes et des diététiciens. Je n’en ai pas parlé car ils ont été impuissants à nous aider et à part la suggestion de faire de la bouillie d’infatrini, il n’y a eu aucune action de leur part qui soient notables. Nous avons dans ce combat le sentiment d’être livrés à nous-même avec Baptiste, le corps médical pouvant constater nos difficultés, sans les réduire.
Cet article n’est pas joyeux joyeux et j’espère qu’il ne va pas déprimer les gens qui ont des interrogations sur l’alimentation de leur enfant… Le meilleur conseil que je peux encore vous donner, c’est de prendre votre temps, d’essayer d’être patient, et de faire de votre mieux en écoutant votre instinct et en faisant des tests.
Bon courage, tenons bon !
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